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HAMZA MARZAK : Pourquoi ai-je écrit « Le Muet » ?




























Ça ne vous est jamais arrivé de lire un roman ou un essai et espérer que ce soit écrit autrement ? Avoir entendu la réponse d’un invité « de référence » à une question d’un animateur « de référence » dans le cadre d’une émission « de référence » qui traite un thème qui vous tient à cœur et la réponse ainsi que le raisonnement étaient pour vous peu convaincant ? Ça m’est arrivé plusieurs fois, je l’espère pour vous aussi.


Après tout ça et lorsque vous vivez une expérience, émotionnellement intense et qui confirme ce que vous étiez en train de penser, une force forte au fond de vous-même vous pousse à partager la leçon. L’écriture dans ce cas, devient le seul pur secours et source d’apaisement, en tout cas pour moi. Je l’espère pour vous aussi.


Toute idée est en elle-même géniale, certes, mais elle est comme un embryon, il faudrait l’entretenir et la développer en toute patience et passion. Pour pousser l’idée à se manifester, j’ai glané, pendant plus de trois années, tout document, article, vidéo ou publication et guetté toute expérience, utile à mon sens. Encore faut-il tout structurer. Le carbone et le diamant sont de la même substance. C’est l’organisation qui fait toute la différence. L’un noircit et salit, mais l’autre brille et éblouit. L’un on le jette et l’autre on le garde pour impressionner autrui pendant chaque occasion de fêter. Une narration imaginée a besoin d’une structure, comme tout ouvre d’art s’adosse à une architecture. Elle le tient, le maintien, assure sa permanence, l’organise, l’assemble et lui procure sa vraisemblance. Et puis, la beauté de tout art est dans l’agencement de ses éléments et de leur ordonnance.


J’ai choisi une intrigue tissée par l’alternance de la narration et la révélation progressive du passé, pour que le lecteur ne soit pas dans la position de « l’avocat » de quoi que ce soit, mais dans celle du « juge ».


Le petit monde est finalement créé, on y laisse les personnages agir en toute liberté. On les écoute, les voit, les sent et vit avec eux leurs joies et difficultés. Ils vont certainement dialoguer avec nous, nous surprendre, nous contredire, nous poser leurs questions et surtout nous faire voyager. Je l’espère pour vous aussi.


Parler de tous les personnages m’est très difficile et je me demande si c’est pertinent et opportun pour le lecteur. Je lui laisse le plaisir de les découvrir. Cependant, Saad qui a souffert le plus fera l’objet peut-être de questionnements comme : Est-il niais, responsable ou aurait il agit autrement ? Est-il coupable ou victime ? Bien que l’une des aboutissements de la deuxième question ne puisse exister sans l’autre, je n’ai pas cherché à y répondre, mais plutôt à le comprendre. Pour mieux élucider mon propos, je propose au lecteur cette petite histoire inspirée de la culture marocaine :

« Il était une fois, une tortue affamée qui vaquait seule dans un ruisseau. Elle avait faim et elle eut la chance de tomber sur un bout d’intestin. Elle se plut de sa découverte, la palpa avec sa petite langue et la trouva tendre qu’elle peut facilement avaler. Elle commença à la gober centimètre après l’autre, s’émerveilla de son goût et de sa tendreté et se régala en voyant son ventre se gonfler. Plus elle avalait, plus elle découvrait qu’il en restait et continuait à déguster son festin jusqu’à ce qu’elle s’alourdisse. Elle s’apaisa au fond du ruisseau.

Ce qu’elle ne savait pas, c’était que l’autre bout de l’intestin était entre les mains d’un abatteur mesquin. Il avait égorgé une bête et il était en train de prendre les abats pour les décrasser et l’intestin fut le dernier organe à amasser. Il tint le bout et commença à le tirer jusqu’à le faire sortir petit à petit du ventre de la tortue. Il lui causa d’intenses douleurs lui vida la panse en la bourrant d’intenses lésions. La tortue devint de nouveau affamée et amèrement battue.

Elle déclara : Ne sois jamais sûr de ce que tu savoures avant que tu le déposes. Avaler et assimiler n’est pas du tout la même chose. »


Pour celui qui s’oriente au passé jugera la tortue victime, niaise, aveuglée par sa faim ou peut-être même coupable. Celui qui s’oriente vers le futur la jugera autrement. Pour moi l’essentiel est qu’elle ait appris et partagé avec nous sa leçon.



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